Nouakchott

Interview BAB’S OG : « Certains artistes parviennent à se faire un nom sans quitter la Mauritanie »

Face à la « fuite des cerveaux » dans le hip-hop mauritanien, Bab’s OG, l’un des talents du Rap Rim, appelle à un soutien des institutions pour retenir les talents et faire rayonner les cultures urbaines localement.

Image Bab’s OG qui marque ici un moment de méditation
  • Publié le 22 août 2025 à 12:05
    Mise à jour 22 août 2025 à 12:38
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    Cultures Mauritanie En 2024, vous avez entrepris une tournée européenne, avec des étapes en France et en Belgique, tout en donnant un concert au Canal Olympia de Dakar sur le continent africain. Qu’est-ce qui a motivé ces différentes sorties ?



    BAB’S OG : Pour la tournée européenne, c'était une occasion exceptionnelle de faire connaître le rap mauritanien, le « Rap RIM », à un public international. Chaque artiste rêve de pouvoir étendre son influence au-delà de ses frontières. La tournée a été une belle opportunité pour partager notre culture et notre art, tout en apprenant de l’expérience des autres. J’ai aussi eu l’honneur de travailler avec des artistes comme Soljah Hems, et ça m’a énormément enrichi.

     

    Concernant le Canal Olympia à Dakar,  c'était incroyable ! Nous nous étions bien préparés et nous avons offert un spectacle haut de gamme, avec de la bonne musique, de l’énergie et des surprises. Notre objectif était de faire passer un message fort à travers notre art et de montrer que le rap mauritanien est prêt à se faire entendre sur la scène internationale. Et merci au public qui est venu nombreux. C'était vraiment un moment mémorable !



    Cultures Mauritanie : Pensez-vous que la scène hip-hop en Mauritanie offre suffisamment d’opportunités aux artistes locaux, ou est-ce le manque de structures et de soutien qui motive leur départ vers l’Europe ?

     

    BAB’S OG : Je pense que la scène hip-hop en Mauritanie essaie de faire avec les moyens du bord. Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’opportunités, mais plutôt que les artistes doivent apprendre à faire vivre leur art par eux-mêmes. C’est une question d’engagement personnel et collectif. Cependant, il est clair qu’en Europe, l’industrie musicale offre plus de possibilités, avec des maisons de disques, des événements plus fréquents et une reconnaissance du genre. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas réussir ici. Tout dépend de la volonté et de l’investissement des artistes.

     

     

    Cultures Mauritanie : Pourquoi, selon vous, certains artistes mauritaniens choisissent-ils de s’installer en Europe, dans des villes comme Paris ou Bruxelles, pour développer leur carrière ?

     

    BAB’S OG : L’Europe représente un terreau fertile pour la culture urbaine. Là-bas, le hip-hop est bien établi et respecté, avec des structures professionnelles qui permettent aux artistes de se faire entendre à une échelle plus large. Mais au-delà des infrastructures, il y a aussi une visibilité et un soutien qui ne sont pas encore aussi présents en Mauritanie. Cela dit, certains artistes parviennent à se faire un nom sans avoir quitté le pays, en étant déterminés et en profitant des outils numériques.

     

     

    Cultures Mauritanie : Cette « fuite des cerveaux » dans le hip-hop mauritanien a-t-elle un impact sur la scène musicale locale ?


    BAB’S OG : C’est indéniablement un manque pour la scène locale. Beaucoup des pionniers du hip-hop mauritanien qui ont quitté le pays étaient des mentors potentiels. Leur absence prive la scène d’un accompagnement précieux. Cela dit, je reconnais aussi que de nombreux artistes restent ici et continuent de faire avancer le mouvement. Certains soutiennent même leurs collègues à distance. Il y a donc toujours une forme de solidarité, même si leur départ crée un vide.

     

     

    Cultures Mauritanie : Que pourrait faire l’État mauritanien ou les institutions culturelles locales pour retenir ces talents et développer davantage le hip-hop en Mauritanie ?

     


    BAB’S OG : Le principal défi reste la reconnaissance de la culture urbaine par les autorités. Les jeunes artistes ont du talent, mais ils manquent souvent de soutien financier et institutionnel. Il serait fantastique d’avoir des formations, des ateliers, des événements réguliers pour promouvoir cette culture. Il faut également créer un environnement où les artistes peuvent vivre de leur art. Aujourd’hui, ceux qui réussissent ici se battent pour ça. L’État et les institutions doivent comprendre l’importance de ce mouvement et investir dans son développement.

     

     

    Cultures Mauritanie : L’année 2024 a été marquante avec la sortie de votre album « Sifaaji ». Quel message souhaitez-vous que vos fans retiennent de cet album ?

     

    BAB’S OG : « Sifaaji » est un album varié, un mélange de genres et d’émotions. Il reflète mon parcours et les influences multiples qui m’ont forgé. Le message que je veux transmettre, c’est que tout est possible, peu importe d’où l’on vient. Je tiens à remercier mes fans, car ce sont eux qui m’ont permis d’être là où je suis aujourd’hui. Je leur conseille de continuer à soutenir les artistes, car ce soutien est crucial pour faire grandir notre mouvement.



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  • Rédacteur . profile-pic H Bra
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